Quand la gauche patauge, Sarkozy profite
Par Renaud Toffier
Nicolas Sarkozy ne cesse de critiquer la régularisation massive des sans-papiers voulue par François Hollande. Problème : le candidat socialiste n’a jamais proposé cela.
Nous avons tous entendu le chef de l’Etat, lors de son premier meeting à Annecy, prononcer des mots très durs à l’égard de son rival socialiste:
“Quand on dit dans la presse anglaise qu’on est libéral et que l’on dit aux Français l’ennemi c’est la finance, on ment matin et soir“ - Nicolas Sarkozy, à Annecy, le jeudi 16 février.
Mais attention, car celui qui accuse son adversaire de mentir pourrait tout autant être accusé à son tour ! Le Président sortant ne cesse de critiquer la politique d’immigration de François Hollande. “Est-ce que c’est raisonnable de dire… l’immigration… on va régulariser tout le monde?” s’est-il exprimé au 20h de TF1, le soir de l’annonce de sa candidature.
François Hollande manque certainement de précision concernant ses propositions en matière d’immigration. Néanmoins, parmi ses 60 propositions figure bien un article à propos des étrangers. Et celui-ci va à l’encontre même de la “régularisation massive” avancée par Nicolas Sarkozy.
Il est en effet question d’une régularisation “au cas par cas”, bien qu’il faudrait un peu plus de précisions sur la nature des “critères objectifs”.
Une question demeure donc : pourquoi le Parti Socialiste ne réagit-il pas ?
Un malaise existe au sein de la gauche sur le problème si épineux de l’immigration, thème davantage exploité à droite de l’échiquier politique. Sarkozy et Hollande s’étaient d’ailleurs déjà affrontés sur ce sujet, à l’époque où l’un était plus nerveux, et où l’autre était plus joufflu.
C’est un dossier sensible pour l’électorat de gauche. Il s’agit pour l’équipe socialiste en campagne d’associer fermeté sans pour autant froisser les élans humanistes prônant la régularisation massive. François Hollande s’en tient pour l’instant à des formules, comme sur le plateau de “Des paroles et des actes” où il défendait une immigration “intelligente” plutôt que “choisie”.
La bataille des mots doit faire place à la bataille des idées. Le PS doit expliquer clairement ses intentions en matière de régulation de l’immigration, comme il l’a déjà fait sur le vote des étrangers aux élections locales ou sur l’abrogation pure et simple de la circulaire Guéant du 31 mai.
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