Palestiniens et Israéliens ne sont plus au coeur de l'Histoire, enfin.

A Madrid, Puerta del sol, les touristes ont l’habitude de s’arrêter au Km zéro qui marque le centre de la capitale espagnole. Madrid c’est aussi le Km zéro du processus de paix israélo-palestinien. Que de chemin parcouru pour ces vétérans israéliens et palestiniens du dialogue et du “processus de paix”, pour, ironie de l'histoire, revenir pratiquement au point de départ.  Ils ont répondu pendant deux jours à l’invitation de Casa Mediterraneo, le “think tank” de l’ancien ministre des affaires étrangères Miguel Moratinos et du Forum International pour la Paix de l’israélien Ofer Bronchtein, militant acharné de la paix qui exhibe fièrement son passeport diplomatique palestinien que lui a remis personnellement Mahmoud Abbas.
C’était souvent émouvant de voir ces retrouvailles du camp de la paix: anciens ministres et conseillers, négociateurs chevronnés, s'étreignent chaleureusement, échanger en hébreu (appris par les palestiniens en prison). Ils se retrouvaient souvent pour la première fois depuis la conférence d’Annapolis, fin 2007. C’est dire si le “processus” est moribond!
Presque un an jour pour jour après la chute du dictateur tunisien Ben Ali, première victime du “printemps arabe”, la conférence entendait mesurer l’impact de ces évènements sur “leur” conflit. Nombre d’activistes, de journalistes des “sociétés civiles” participaient aux travaux.

 

-1/ Israéliens et Palestiniens ont un nouveau point commun: Ils furent le centre de l’Histoire pendant plus de 60 ans, mais elle s’écrit désormais sans eux. Pas de printemps en Palestine, en raison de l’occupation bien sûr, mais aussi des divisions internes, on peut même dire des haines.
Les Palestiniens (tous membres du Fatah) sont déprimés, désabusés. Ils craignent-si des élections réellement honnêtes se déroulent dans les territoires palestiniens-d’être à leur tour emportés par la poussée irresistible des Frères Musulmans. Islamiste et démocrate c’est tendance, le Hamas s'intéresse en ce moment au cours de rattrapage: “Comment ressembler à un islamiste turc en 10 leçons”...
-2/ Ce sont les Egyptiens qui lancent cet avertissement: “L’hostilité envers Israël dans la société vous fait peur? Elle ne fera que croître tant que les gens auront le sentiment que vous ne faites par le deuil de Moubarak”.
-3/ Côté Israélien, il faut distinguer entre les politiques et les activistes “indignés”. Les premiers ne parviennent décidement pas à penser les derniers évènements autrement qu’en terme de menace. Même Amir Peretz, ancien ministre travailliste de la défense, ancien maire de Sderot balayé parce qu’il plaidait pour un Etat palestinien même quand sa ville était bombardée par les roquettes du Hamas, l’un des rares (seul?) Israéliens qui continue à rendre visite à Marouane Barghouti dans sa prison. Il a beau être en empathie, il n’emploie que le vocabulaire des catastrophes: tremblement de terre, tsunami etc.
-4/ Pas très loin d’eux finalement, les Européens: Au moment de la conférence “Printemps arabes et Israël”, El Pais publiait une tribune très sevère signée Miguel Moratinos. Il écrit que l’Europe va manquer elle aussi ce grand rendez vous avec l’Histoire de la rive sud de la “mare nostrum”. C’était titré: “La Mediterranée, une mer oubliée.”
Les responsables du nord font mine de s’adapter à la nouvelle donne, mais en vérité ils ne parviennent pas à dominer leur peur que cet islamisme, même converti aux codes démocratiques ne contamine “leurs” musulmans. Voir le score d’Enahda chez les Tunisiens de France. Et puis il y a la crise de l’Euro...Elle a bon dos pense justement Moratinos.
-5/ L’espoir, enfin, car espoir il y a, on le puisera chez les trentenaires, les jeunes de Tahrir, les “piètons de juillet” du Boulevard Rotschild à Tel Aviv, comme Yishaï Mishor, un jeune diplômé d’Oxford qui s’est tallé un beau succès en lançant cet appel: “Pourquoi attendre le prochain soldat israélien capturé pour libérer mille prisonniers palestiniens? Il faut enfin sortir de ce conflit du XXème siècle avec les outils du XXIème siècle.”
-6/2012 se présente déjà comme une-nouvelle-année perdue. A Jérusalem, la droite au pouvoir espère qu’un républicain chassera Obama de la Maison Blanche et que tout recommencera comme avant. Pas d’élection en Israël avant le printemps 2013. Daniel Bensimon, député travailliste à la Knesseth et ancien journaliste à Haaretz a appelé ses amis palestiniens à la patience, en paraphrasant...Arafat: “Le processus de paix est caduc, a-t-il dit, Mais en 2013 la gauche et le centre peuvent gagner à condition de ne faire campagne que sur le social. Il n’y aura aucun slogan sur la paix.” Machine à perdre? “Ensuite tout redeviendra possible.” Peut-être.

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